Articles avec #tabagisme tag

Publié le 20 Février 2013

[Edit] Je vais reprendre cet article, mais en attendant vous pouvez vous faire votre propre idée en lisant l’article publié, en accès libre ici: http://www.scirp.org/journal/PaperInformation.aspx?PaperID=28003

Interviewé ce matin sur Europe 1, Bertrand Dauzenberg affirme :
« Mais ce produit pourrait également être un produit d’initiation au tabac. Deux tiers enfants de 12-15 ans sur lesquels on avait enquêté sur Paris l’an dernier avait essayé la cigarette électronique alors qu’il n’avait pas essayé la cigarette. » http://www.europe1.fr/France/Cigarette-electronique-il-faut-un-encadrement-1421625/

D’où sortent ces chiffres? Bertrand Dautzenberg a fait une communication au congrès de la SRNT Europe à Helsinki l’été dernier, où il dit dans le résumé de son intervention:
« The percentage of teenagers reporting experimentation of e-cigarettes is 6% from 12-14 year old, 12% among 15-16 year old, 19% among 17 years old, drops down to 12% for the 18 year old and to 6% for the 19 year old. Until the age of 17, girls have more experienced e-cigarette than the boys. The experimentation
varies according to smoking status: 5% among non-smokers, 15% among occasional smokers, 18% among ex-smokers and 33% among regular smokers has experienced e-cigarettes. »

Si je lis bien, les 12-14 ans sont 6% a avoir expérimenté la e-cigarette, et les 15-16 sont 12%. Comment se peut-il alors que Bertrand Dautzenberg trouve 66% (deux tiers) chez les 12-15 ans?

http://www.srnteurope.org/assets/Abstract-Book-Final.pdf
page 55.

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Publié le 19 Février 2013

Ma réponse à Gérard Audureau, dans les commentaires de son article…
Cigarette électronique: « L’addiction, non merci! »

http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/commentaire.asp?id=1221069

Gérard,
Je voulais commenter ton article car il y a beaucoup d’a priori dans ton discours, mais je crois que les réponses que t’ont adressé les vapoteurs se suffisent à elles-mêmes, et j’espère que tu les liras avec attention. Mais je voulais juste rebondir sur ton propos, quand tu dis qu’il ne faut pas voir la cigarette électronique comme une solution miracle au tabagisme. Je pense que tu as tord de sous-estimer ce phénomène né spontanément chez les fumeurs et qui se propage par le bouche à oreille. Jamais nous n’avons eu un allié aussi efficace dans notre lutte contre le tabagisme, et il faut lui faire une place. Imagine ce qu’en termes de santé publique représenterait l’abandon pur et simple du tabac par ne serait-ce que 30% des fumeurs ! Et comme tu as pu le lire dans leurs propos, l’arrêt de la nicotine se fait aussi naturellement chez certains d’entre eux. Il semble donc que la dépendance soit moins forte avec la e-cigarette. C’est aussi un point qu’il ne faut pas négliger.
Amicalement,
Jacques Le Houezec

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Publié le 18 Février 2013

Vu sur le net: « Si vous fumez des cigarettes Light, vous inhalez environ 0,6 mg de nicotine sur chaque cigarette« . C’est faux!
Si l’intention de départ est bonne (chercher à adapter la dose de nicotine à utiliser avec une e-cigarette), la théorie est totalement fausse. Il n’y a pas de cigarettes légères ou ultra-légères. Ces dénominations ont été supprimées en Europe depuis 2003, car elles étaient trompeuses, grâce à un article de Martin Jarvis (« la quantité estimée de nicotine prise par cigarette est de 1,17 mg chez les fumeurs fumant des cigarettes ayant un rendement de moins de 0,4 mg de nicotine, 1,22 mg chez ceux utilisant des cigarettes ayant un rendement entre 0,4 mg et moins de 0,8 mg, et 1,31 mg chez ceux dont les cigarettes ont un rendement supérieur ou égal à 0,8 mg »).
http://jnci.oxfordjournals.org/content/93/2/134.long
Mais les symboles ont la vie dure, et les fumeurs croient encore les chiffres apposés sur leurs paquets de cigarettes, même s’ils ne veulent rien dire (il faut dire que l’industrie du tabac les aide bien en utilisant des paquets aux couleurs suggestives!). Ces soit-disant 0,6 mg de nicotine (ou tout autre chiffre indiqué sur le côté du paquet de cigarettes), correspondent à ce qu’une machine à fumer recueille en fumant une cigarette selon un certain rythme (standardisé), et sans boucher les minuscules trous fait au laser au niveau du filtre qui diluent la fumée avant d’entrer dans la machine. Le fumeur bouche, soit avec les doigts, soit avec les lèvres, ces trous, et modifie sa façon de fumer de façon à obtenir en gros 1 mg de nicotine par cigarette (mais il peut en obtenir jusqu’à 3 mg environ, en modifiant le volume, la durée des bouffées, le temps de rétention dans les poumons…).
Pour faire simple, il faut oublier les chiffres marqués sur les paquets de cigarettes. Il vaut encore mieux utiliser le nombre de cigarettes fumées par jour, même si là encore ce n’est pas une mesure fiable, ou mieux utiliser le test de Fagerström (http://www.stoptabac.ch/fr/test_dependance.html). Une dénomination petit, moyen ou gros fumeur (comme on la trouve sur de nombreux sites) est sans doute d’ailleurs suffisante.

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Publié le 11 Février 2013

Chère Madame la Députée,

Je vous écris en tant que scientifique, spécialiste de la nicotine et de la dépendance au tabac depuis presque 30 ans (première thèse de science sur ce sujet en France) pour vous alerter sur des recommandations de la future Directive sur les produits du tabac qui risquent de mettre en danger la vie de millions d’européens.

La proposition de nouvelle Directive sur les produits du tabac, se propose de réglementer les produits délivrant de la nicotine, y compris les cigarettes électroniques, ou e-cigarettes. En particulier, concernant ces dernières, à les classer pour la grande majorité comme des médicaments. Alors qu’une réglementation raisonnée protégeant le consommateur (en contrôlant la qualité des e-cigarettes et des e-liquides associés) pourrait être un bienfait pour la santé publique, une réglementation trop contraignante, telle qu’elle est actuellement proposée dans le projet de Directive (en imposant aux fabricants de réglementer la e-cigarette comme un médicament), pourrait simplement priver les fumeurs d’une option considérablement moins nocive que la cigarette conventionnelle, qui par ailleurs est, elle, très peu réglementée et bien plus accessible.

Il est bon de rappeler à ce sujet, que chaque année 70 000 personnes meurent du tabac en France, plus de 500 000 en Europe, et plus de 5 millions dans le monde. Et comme l’a souligné récemment le rapport accablant de la Cour des comptes (http://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Les-politiques-de-lutte-contre-le-tabagisme), les politiques de santé contre le tabagisme n’ont pas été à la hauteur, surtout en France, mais pas seulement, et le lobbying forcené de l’industrie du tabac n’y est pas étranger. En Europe, l’Angleterre sort du lot et a mis en place une politique efficace depuis les années 2000. Cette politique a porté ses fruits et le nombre de fumeurs a considérablement baissé outre-Manche alors qu’il a augmenté en France entre 2005 et 2010 (à ce propos, nous manquons aussi cruellement de données récentes en France!).

Les e-cigarettes sont des dispositifs permettant de délivrer de la nicotine, et sont conçues pour produire un effet similaire à la cigarette conventionnelle. Une e-cigarette est composée habituellement de trois parties: une batterie, un atomiseur et une cartouche, jetable ou réutilisable, contenant ou non de la nicotine. La plupart des cartouches jetables et les e-liquides qui servent à remplir les cartouches réutilisables, contiennent de la nicotine diluée dans du propylène glycol ou de la glycérine, et de l’eau. Le taux de nicotine dans les cartouches peut varier et certaines contiennent aussi des arômes. Lorsque l’utilisateur tire sur sa e-cigarette, le chauffage de la résistance vaporise le liquide contenu dans la cartouche. La vapeur créée délivre la nicotine à l’utilisateur. Il n’y a pas de fumée passive, mais un peu de vapeur de nicotine est libérée dans l’air lorsque l’utilisateur exhale celle-ci (extrait de la traduction d’un document proposé par l’association ASH en Angleterre, disponible en français et en anglais sur le site: http://ash.org.uk/information/facts-and-stats/ash-briefings).

En France, la réglementation actuelle (assez floue, comme dans beaucoup de pays) autorise la vente de cartouches contenant moins de 10 mg de nicotine, et de e-liquide ayant une concentration de moins de 20 mg/ml (il existe des concentrations supérieures, mais selon l’agence de réglementation des médicaments, l’ANSM, il faut alors une autorisation de mise sur le marché, comme pour un médicament http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Cigarette-electronique-Point-d-information). Cette situation satisfait pleinement pour l’instant les utilisateurs de e-cigarette. La proposition de nouvelle Directive imposerait une limite de 2 mg par cartouche, ou de 4 mg/ml pour les e-liquides. Pour un pharmacologue, cela indique que ces concentrations ne permettraient pas aux utilisateurs d’obtenir des concentrations sanguines suffisantes pour apaiser leurs symptômes de sevrage, et les obligeraient alors de continuer à fumer pour obtenir les doses de nicotine dont ils ont besoin, à cause de leur dépendance.

Or, tout l’intérêt de la e-cigarette est justement de permettre à son utilisateur d’abandonner rapidement la cigarette, comme en attestent les nombreux messages d’utilisateurs sur les forums de discussion qu’ils ont créés (ces discussions représentent un phénomène nouveau, jamais vu auparavant chez les fumeurs). Ils comptent tous d’ailleurs le nombre de cigarettes (qu’ils appellent «tueuses» ou «cancerettes») qu’ils n’ont pas fumées depuis qu’ils ont commencé la e-cigarette et l’indiquent dans leur signature sur ces forums. Considérant que la fumée de tabac contient, hormis la nicotine qui entretient la dépendance mais ne cause pas les maladies liées au tabac, plus de 7000 substances chimiques, dont le monoxyde de carbone et les gaz oxydants, toxiques pour le système cardio-vasculaire, et les substances cancérigènes, utiliser la e-cigarette permet à ces utilisateurs d’apaiser leur manque de nicotine en éliminant immédiatement l’exposition dangereuse à toutes ces substances toxiques.

Il serait dommage, à cause d’une réglementation trop stricte, d’arrêter ce phénomène qui pourrait enfin voir se réaliser ce que prédisait en 1991 l’un des pionniers de la recherche sur la dépendance tabagique, Michael Russell: «Ce n’est pas tant l’efficacité à court terme des nouveaux substituts nicotiniques comme aide à l’arrêt, mais plutôt leur potentiel à devenir des substituts à long-terme de la cigarette, qui fait de l’élimination du tabagisme un but réaliste… Ces futurs produits devraient être activement promus sur un marché ouvert afin d’entrer en compétition avec le tabac. Il faudra pour cela que les autorités de santé les approuvent, que leurs taxes soient faibles, et que les mouvements anti-tabac les soutiennent afin que l’éradication progressive du tabagisme soit un but atteignable.»

Sachant que le groupe Environment, Public Health and Food Safety du Parlement européen doit se réunir bientôt pour des auditions concernant la réglementation des produits du tabac, je me mets à votre disposition pour de plus amples renseignements concernant ce projet de Directive.

Veuillez agréer Madame la Députée, l’expression de ma considération distinguée.

Jacques Le Houezec
Conseil en Santé publique, Dépendance tabagique
Honorary Lecturer, UK Centre for Tobacco Control Studies, University of Nottingham, England.
Directeur, www.treatobacco.net

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Publié le 11 Février 2013

Quand on parle de la cigarette électronique (comme cela m’est arrivé récemment lorsque je fais un cours sur la nicotine et la dépendance au tabac aux futurs tabacologues ou addictologues) et que l’on explique ses bénéfices en termes de santé publique, on se voit immanquablement répliquer « oui, mais vous proposez de remplacer une dépendance par une autre… ».
Dans ce blog, Carl Phillips donne une réponse simple à cette question. « Si les gens sont dépendants, ne vaut-il pas mieux qu’ils utilisent un produit qui est beaucoup moins dangereux, plutôt que de continuer à fumer? »
Et là, toujours immanquablement on vous rétorque: « oui, mais c’est mieux s’ils arrêtent complétement ».
N’arrête pas complétement du jour au lendemain qui veut!
Un sevrage tabagique peut prendre des mois, voire des années (multiples tentatives avant d’y arriver).
Et si pendant ce temps, ces personnes avaient la possibilité d’utiliser un produit considérablement moins dangereux pour la santé, tout le monde n’y gagnerait-il pas?

http://antithrlies.com/2013/02/05/responding-to-but-they-are-still-addicted/

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Publié le 8 Février 2013

C’est l’équipe de Riccardo Polosa, en Italie, qui publie cette étude pilote (sur 14 fumeurs n’ayant pas l’intention d’arrêter) sur l’utilisation de la e-cigarette pour réduire le risque tabagique. Le critère principal d’évaluation était une réduction du nombre de cigarettes fumées d’au moins 50% à 1 an (vérifié par diminution du CO expiré). Le critère secondaire était l’abstinence d’au moins 30 jours à 1 an, avec aussi vérification du CO expiré (<10ppm).

Les résultats montrent que la moitié des patients ont réussi à réduire d’au moins 50% à 1 an (7/14, qui sont passés de 30 cig/j à 15 cig/j), et que 2 patients (14,4%) étaient abstinents à 1 an (soit 9/14 qui ont réussi à réduire ou arrêter de fumer).

Les effets secondaires ont été modestes (nausées, irritation de la gorge et maux de tête chez 14,4% des personnes, et toux sèche chez 28,6%), et les symptômes positifs (voix, hallucinations) et négatifs (humeur dépressive, anxiété) des patients n’ont pas été modifiés par la réduction ou l’arrêt.

Cet article est en accès libre, pour ceux qui lisent l’anglais : http://www.mdpi.com/1660-4601/10/2/446

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Publié le 31 Janvier 2013

Suivant un article publié dans le Times le 26 janvier à propos du retard pris par les autorités britanniques pour donner un statut à la e-cigarette http://www.thetimes.co.uk/tto/business/industries/health/article3669009.ece , le Professeur Robert West a publié une petite analyse qu’il m’a fait parvenir. Je vous la traduit ci-dessous.

Robert West (Cancer UK et University College London)
Si le milliard de fumeurs actuels dans le monde passait immédiatement à la e-cigarette, la mortalité liée au tabagisme qui est de plus de 5 millions de personnes par an, serait réduite à peut-être tout au plus quelques dizaines de milliers.

La e-cigarette est conçue pour délivrer de la nicotine à son utilisateur sans tous les gaz et particules toxiques contenus dans la fumée de cigarette.

Les fumeurs et les vapoteurs consomment environ 20 mg de nicotine par jour, et à cette dose, la nicotine ne présente pas de réel danger pour la santé pour la grande majorité des gens.

Des millions de personnes en Suède utilisent une forme de tabac chiqué appelé snus. Cela procure environ la même quantité de nicotine, mais ne semble pas avoir d’effet sur l’espérance de vie de ses utilisateurs.

Certains s’alarment que peut-être d’autres composants de la vapeur de e-cigarette soit nocive, mais c’est certainement non fondé. La vapeur contient habituellement un mélange d’eau, de propylène glycol, peut-être un peu d’alcool, et une petite dose de nicotine. Il y a peut-être de petites quantités d’autres constituants, mais cela n’a rien à voir avec les quantités de toxines présentes dans la fumée de tabac.

Cependant, je comprends que certains puissent être inquiets du fait de l’utilisation de la e-cigarette dans les lieux publics fermés. Cela pourrait avoir des répercutions sur le respect de l’interdiction de fumer. Cela pourrait aussi encourager certains fumeurs à continuer de fumer, et n’utiliser la e-cigarette que là où ils ne peuvent pas fumer.

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Publié le 17 Décembre 2012

Comment réglementer tabac non fumé et e-cigarette ?

Cet article qui est principalement axé sur la situation en Australie, pose cependant une question importante. La vente de tabac non fumé de type « snus » est interdite, mais l’importation pour consommation personnelle est possible, par contre la vente de cartouches et de e-liquide pour les cigarettes électronique est interdite car la nicotine est considérée comme un poison. Mais à côté de cela, la vente de cigarettes se fait à peu près n’importe où ! La consommation de tabac non fumé a faiblement augmenté entre 2007 et 2010 (passant de 0,5% à 0,7% de la population de 14 ans et plus), et les données sur la e-cigarette sont absentes, mais on estime la consommation très faible. Les auteurs citent en comparaison les consommations d’ecstasy (3%), cocaïne (2,1%, méthamphétamine (2,5%) et cannabis (10,3%). Compte tenu de l’évolution du contrôle du tabac en Australie au cours de ces 10 dernières années, les auteurs estiment que le risque de voir une explosion de la consommation de produits non fumés est très faible, et qu’une interdiction totale de produits à base de nicotine (sous entendu les e-cigarettes) ne peut apparaître que comme basé sur des raisons morales plutôt que de santé publique. Ils rappellent d’ailleurs qu’en Angleterre, l’institut NICE (National Institute for health and Clinical Excellence) a proposé que les nouvelles recommandations de bonne pratique clinique incluent la e-cigarette comme mode de réduction du risque (qui est déjà acceptée comme indication avec les substituts nicotiniques). Les auteurs rappellent que si le risque de l’utilisation à long terme des e-cigarettes n’est pas établi, il est de toute façon moindre que celui inhérent à la consommation de cigarettes conventionnelles. Enfin, ils concluent en disant que si un nombre substantiel de fumeurs sont capables de substituer leur consommation actuelle de cigarettes par du tabac non fumé ou des e-cigarettes, alors il faut changer de politique et commencer à restreindre fortement la vente des cigarettes conventionnelles (forte augmentation des taxes, diminution des points de ventes, etc…) et favoriser celle des produits les moins dangereux.

Gartner CE et al. Med J Aust. 2012 Dec 10;197(11):611-2. / http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23230916

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